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Waze, la petite application qui sait se rendre indispensable

  • Photo du rédacteur: Gius
    Gius
  • 5 avr. 2018
  • 5 min de lecture



Rachetée par Google, la start-up israélienne a développé un assistant à la conduite à télécharger sur smartphone, impressionnant d'efficacité. Gratuit, il fonctionne dans près de 150 pays.


"Super, merci". À une centaine de kilomètres de Paris, un orage dantesque déferle sur l'A6. Ma compagne vient d'envoyer sur son iPhone le message suivant : "attention orage sur l'A6 à la hauteur de Nemours". Comme cinq autres "wazers" ainsi alertés, un Québécois de passage en France vient d'accuser réception de l'information. Sur l'écran du smartphone s'affiche la route avec, matérialisés par de petites icônes, les utilisateurs de Waze, une nouvelle application en couleurs qui commence à faire un malheur en France.

Mais qu'est-ce qui fait courir tout ces "wazers-addicts" puisque, comme les autres assistants d'aide à la conduite, Waze signale les problèmes de la route, accidents, embouteillages, radars ? À la base, le système est en effet le même, basé sur une communauté d'utilisateurs qui s'informent les uns les autres des péripéties de la route. Il n'y a pas meilleur Bison Fûté que l'automobiliste lui-même. Sur une route, celui qui est devant fait office d'ouvreur, lui-même déjà informé par un autre qui le précède, etc. Si besoin, il prévient d'un éventuel "danger" ceux de sa communauté qui le suivent. Jusque-là, rien de nouveau.

Service gratuit

Mais là où Waze diffère des autres applications, c'est d'abord que son utilisation est totalement gratuite. Il suffit de la télécharger, puis de s'inscrire et de prendre un pseudo pour devenir un wazer. Ensuite, sa cartographie elle aussi est participative, ce qui veut dire que le maillage des routes s'appuie sur les traces des GPS des utilisateurs qui peuvent à tout moment modifier la carte de base, les indications de circulation (nouveaux feux de signalisation, changement de sens, nouvelles rues...). Autrement dit, la cartographie n'est jamais figée, elle est en permanence réactualisée.

Par défaut le matin, Waze vous demande si vous allez au travail.

Cette possibilité fait de chaque personne qui l'utilise un "éditeur". En anglais, on appelle cette pratique du crowdsourcing ; en bon français, de l'externalisation ouverte. Cette fonctionnalité "open source", un peu à la manière de Wikipedia, est à l'origine du succès phénoménal de cette application. Fondée en 2008 par trois Israéliens, Uri Levine, Ehud Shabtai et Amir Shinar, Waze a eu un tel succès dans le monde entier (1 million d'utilisateurs en 2009, 51 millions en juin 2013, 70 millions estimés à la fin de l'année) que Google l'a rachetée cet été, au nez et à la barbe de Facebook, plus d'un milliard de dollars.

Au passage, cela a été Noël avant l'heure pour les cent employés de la start-up basée à Ra'ananna, près de Tel Aviv, qui se sont partagés 120 millions de dollars ! Si Google a payé ce prix, ce n'est pas sans raison. D'abord, on retrouve désormais la cartographie Waze sur Google map avec les infos trafic. Ensuite, il y a la communauté qui est une famille, une véritable force de frappe comme peut l'être Facebook. De ce fait, Waze pourrait fort bien devenir une "cash machine". Car si l'appli est gratuite pour les utilisateurs, elle entend bien gagner de l'argent en offrant à des annonceurs potentiels de la visibilité sur les cartes.

Un smartphone grand écran est préférable pour profiter de toutes les fonctions WAZE

Annonceurs de proximité

Très malin, Waze leur dit : "Je vous offre la possibilité de vous faire connaître auprès de tous les utilisateurs qui se déplacent dans votre secteur (une zone de dix kilomètres carrés). Qui que vous soyez, vendeur de pizza, cinéma, station-service, hôtel, concessionnaire automobile..., vous serez vu. Et si le wazer clique sur votre icône, il prendra connaissance de votre message." Le constructeur coréen Kia a été séduit par le média.

"Nous cherchions un outil digital pour communiquer sur nos journées portes ouvertes du 9 au 22 septembre dans notre réseau en Ile-de-France, indique Olivier Lorenzelli, responsable publicité de Kia Motors France. Avec Havas Media, notre agence, nous avons opté pour Waze qui nous a semblé le média le plus dynamique. Résultat, durant ce laps de temps, les 23 concessionnaires d'Ile-de-France ont été vus 10 millions de fois. 3 200 clics ont été recensés."

Les fonctions publicitaires et réseaux sociaux avec géolocalisation des "amis" font partie des richesses du système.

Google ne s'y est pas trompé, qui voit un global system concernant la planète entière, car Waze n'a pas de frontières et ça peut rapporter gros. Corollaire, l'utilisateur de Waze dispose d'un GPS gratuit sur son smartphone dans près de 150 pays. Un atout même si, pour fonctionner totalement, il lui faut une connexion 3G.

On voit que Waze est une belle machine bien huilée avec cette notion d'appartenance à une communauté très anglo-saxonne. À tel point que ses initiateurs, qui ont obtenu de Google de conserver leur bureau en Israël, ont organisé cet été un grand "meetup" pour les 42 meilleurs éditeurs de cartes parmi les 110 000 mondiaux. Ces "Waze champs", comme ils s'appellent, qui ont cumulé plus de 21 millions d'éditions de cartes, venus du monde entier, se sont retrouvés aux frais de l'entreprise pour partager leur expérience de manière informelle autour d'un barbecue, lors d'une soirée ou à l'occasion de meetings.


Au secours des Philippines

La notion de charity n'est pas non plus étrangère à Waze, le cas des Philippines en est un exemple. Très réactive, l'application a très vite intégré la catastrophe qui s'est abattue sur le pays en ajoutant, sur ses cartes de l'archipel, tous les points d'évacuation disponibles. Chaque utilisateur a pu également trouver le point de secours le plus proche simplement en tapant "Help" sur la barre de navigation.

Aux Philippines, Waze a montré quelle pouvait être l'efficacité de tels systèmes en cas de catastrophe.

En France, Waze fait un carton. À tel point que Coyotte, l'assistant d'aide à la conduite jusqu'à maintenant leader sur le marché, se remet en cause. Sans écran GPS, limité à la France et avec un service payant plutôt élevé, celui-ci va devoir adapter sa stratégie pour survivre. Mais il n'est pas le seul. En un peu plus d'un an, avec 2,5 millions d'utilisateurs, la communauté des Wazers est passée devant celle de Coyote (2 millions dixit Wikipedia). Il faut dire aussi que toutes les informations Waze (bouchons, accidents, incidents sur le parcours, radars fixe et mobile...) sont données au mètre près. C'est la communauté elle-même qui renseigne le site avec des pictogrammes très clairs, situant l'information à transmettre au mètre près.

Localisation au mètre près

Certes, depuis le 5 janvier 2012, tout "danger" signalé par un assistant d'aide à la conduite doit l'être à l'intérieur d'une zone : quatre kilomètres sur une autoroute, deux kilomètres sur une route nationale et 300 mètres en ville. Toute contravention à cette réglementation est passible d'un retrait de 6 points et de 1 500 euros d'amende. Waze serait donc hors la loi ? La Sécurité routière nous signale que la fonction communautaire utile à la signalisation des dangers est autorisée, mais uniquement sur des "zones de danger". Bon, mais qui peut empêcher un individu de communiquer avec un autre et de l'informer de la présence d'un contrôle de police, d'une voiture en panne sur le bas-côté ou d'un bouchon qui vient de se former ?

La clarté des différents écrans et l'interactivité sont très appréciés.

On est là dans le domaine de la conversation privée et, lors d'un contrôle, les policiers ne peuvent examiner votre smartphone - qui comporte des données personnelles - que sur commission rogatoire. En 2011, le ministre Guéant voulait supprimer les avertisseurs de radars. Il a dû transiger avec les fabricants et les utilisateurs. On ne peut pas aller contre le temps, contre le progrès. Et au-delà de la signalisation d'un radar, c'est véritablement toute une organisation d'aide à la conduite qui est en train de se mettre en place, avec en arrière-plan une technologie implacable.

Lorsque votre smartphone vous dit : "Nous avons détecté que votre vitesse a baissé. Êtes-vous dans un embouteillage ?" on comprend toute la portée d'un système "big brother", mais qui permet aussi de créer de la solidarité entre usagers. C'est aussi, pour Google, l'occasion de se glisser dans les réseaux sociaux puisque chaque Wazer peut communiquer avec ses amis, voire lui donner rendez-vous sur la route. Devrait-on s'en plaindre ? Dernier point, aux États-Unis, des "people" ont accepté de prêter leur voix à Waze. On peut ainsi entendre Angelina Jolie ou Johnny Depp indiquer qu'il faut tourner à droite pour atteindre la 5e avenue à New York. Quand aurons-nous le bonheur d'entendre Gérard Depardieu nous annoncer : "Radar à deux cent mètres."


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